Fatéma, j’attends la nouvelle préface, tu avais dit novembre 2015 ! Nous sommes le 30 novembre et je n’ai toujours rien !
Pendant que je ne m’expliquais pas ce retard, qui te ressemblait si peu pourtant, toi, tu devais souffrir avec ton élégance naturelle, c’est-à-dire seule, sans déranger, sans te plaindre surtout !
Je pensais te connaître, me targuant de faire partie de ta garde rapprochée, j’étais ton amie, je le sentais, d’ailleurs je pouvais compter sur toi, n’importe quand ! Vue de dehors, tu semblait très entourée, mais c’est toi qui nous relançais, toi toujours à l’écoute : tout entendre pour essayer de comprendre le monde, les gens, d’où qu’ils soient, de l’autre côté de la planète ou du trottoir d’en face.
Tu nous as fait croire, mais nous voulions le croire, parce que ça nous sécurisait et toi tu n’as rien fait pour nous en dissuader.
Régulièrement tu réunissais différents groupes de travail chez toi. Nous entrions dans ce décor, chaleureux, immuable sauf quant aux piles de livres qui gagnaient du terrain. Nous laissions dehors les enfants ou petitsenfants à récupérer, l’horodateur, la sortie de Rabat ou de Casa embouteillée, le train, le mari… que sais-je ?
Tu demandais à chacun(e) de se présenter car il y avait toujours des nouveaux que tu savais si bien mettre en confiance. Tu nous distribuais moult coupures de presse, couverture de livre, magazines pour illustrer les sujets soulevés. Nous avions tous droit à notre photocopie (le buraliste de la place de Bourgogne doit déjà sentir ton absence, et la regretter amèrement, quand on sait le lien privilégié que tu tissais avec tout un chacun). Nous repartions, lourds de nouvelles cartes de visite, de photocopies couleur, de kilos en trop (tu nous gavais de harcha, de rghayef, de thé chaud, comme une mère nourricière dans tous les sens tu terme), mais nous avions cette petite lueur dans l’oeil qui annonçait que nous avions fait le plein de bonne énergie pour affronter, l’ascenseur, la rue, la vie !
Pour l’homme (ou la femme) du commun que nous sommes, reconnaître une pépite sur un tas de charbon nous rendais fier, prouvait notre perspicacité, notre clairvoyance et c’est ici que tu te situais au-dessus de la mêlée. Tu voyais des pépites partout et tu faisais briller toutes celles qui étaient à ton contact !
Maintenant Fatéma nous sommes ternes, abandonnés, nous avons perdu notre Diva nationale que dis-je Internationale, traduite en 26 langues dont le chinois et l’ourdou, notre fierté Nationale !
Wikipédia, Google sont là pour répertorier ce que tu as apporté à la société, moi je voulais juste témoigner de ton humanité : ta grandeur pleine d’élégance.
Layla B. Chaouni
Mercredi 02 décembre 2015